Dans leur quête éperdue d’innovation, les organisations tendent à puiser hors leurs murs des compétences et des idées. Dans ce contexte d’entreprise étendue, comment gérer et fédérer ces communautés complémentaires ?

A l’heure où toutes les frontières des organisations tendent à s’effriter, il convient de s’interroger sur l’identité de celles et ceux qui peuvent contribuer au projet de l’entreprise. La liste étant longue et variée, il est de coutume de parler désormais d’entreprise étendue. Zoom sur ces différentes communautés qu’il est judicieux de connecter entre elles…

#Alumni : des anciens collaborateurs, tu feras des prescripteurs.

Centrée sur les salariés et les potentiels candidats, les marques employeur ont tendance à délaisser une population précieuse : celles des anciens collaborateurs. Prendre soin de cette communauté comporte pourtant des avantages… « Les alumni sont d’excellents prescripteurs, tant commerciaux que RH, et ils constituent un vivier de talents intéressant tant ils sont déjà familiers de la culture de l’entreprise », souligne Stanislas Haquet, directeur associé de l’agence de communication Angie Consulting qui travaille sur les problématiques d’engagement des salariés et des autres contributeurs au projet de l’entreprise. De son avis, les organisations ont tout intérêt à solliciter régulièrement leurs anciens collaborateurs, tant pour leur faire tester un produit ou une idée, que pour coacher de jeunes recrues.

#Freelances : la logique d’achat tu oublieras pour gérer les indépendants.

Selon l’enquête Freelancing in America, les freelances représenteront plus de 50 % de la population active américaine à l’horizon 2027. Si les entreprises françaises suivent ce mouvement, il est temps pour elles d’intégrer ce nouveau paradigme et de s’investir dans une logique relationnelle centrée sur les indépendants. Certaines le font déjà, à l’instar de Deloitte qui propose des formations et des parcours d’onboarding à ses freelances. « Reste que mettre en place des dispositifs d’intégration, convier les collaborateurs externes aux évènements internes et créer des espaces de coworking accessibles à tous n’est pas encore la norme. Pour que la gestion des freelances devienne stratégique, le DRH doit cesser d’être focalisé sur les salariés et s’engager, à la place des acheteurs, dans la relation avec les indépendants, de façon à les fidéliser », estime Stanislas Haquet.

#Start-up : dans une communauté transversale, tu intègreras tes partenaires.

Au même titre qu’il s’agit de donner envie aux freelances de nouer une relation fidèle et durable avec l’entreprise, le soin apporté au lien avec les start-up et partenaires se révèle essentiel. « Pour rendre l’organisation attractive auprès des pépites, il faut non seulement créer toutes les conditions propices à un partenariat à long terme, par exemple via l’incubation, mais aussi s’inscrire dans une logique de communauté transversale où les collaborateurs interagissent avec ces acteurs extérieurs », pointe Stanislas Haquet, évoquant l’Engie People Lab, un lieu d’échanges servant de courroie de transmission entre l’interne et l’externe. Selon lui, « le DRH doit apprendre de manière progressive à intégrer ces différentes communautés, en commençant par les freelances et en poursuivant avec les start-up ».

#Clients : en contributeur tu transformeras le consommateur.

Pierre angulaire de l’entreprise étendue, le client peut lui aussi participer au projet d’entreprise. Il est d’ailleurs de plus en plus souvent associé en amont à l’élaboration d’un nouveau produit ou service (par exemple via l’UX design qui permet de concevoir une solution répondant aux attentes de l’usager). « Certaines organisations vont plus loin en adoptant le modèle coopératif : dans ce cas-là, le client constitue un véritable contributeur, en tenant la caisse, faisant de la comptabilité, etc. », explique Stanislas Haquet, faisant référence au supermarché La Louve dont la base line est « tout le monde peut y faire ses courses, il suffit de devenir coopérateur et de participer au fonctionnement du magasin ».

#Collaborateurs : à la porosité, tu accultureras tes salariés.

L’entreprise étendue, autrement dit ouverte à d’autres écosystèmes, garde ses piliers, à savoir les collaborateurs. Néanmoins ceux-ci doivent être acculturés à cette transversalité. « Pour préparer les membres des équipes à cette porosité tous azimuts, l’entreprise doit accorder de l’importance aux soft skills et diversifier ses recrutements, en embauchant d’anciens startuppers, d’anciens freelances, c’est-à-dire des profils familiarisés aux autres façons de faire », détaille Stanislas Haquet, insistant sur la nécessité de construire un projet d’entreprise inclusif et inspirant pour toutes les parties prenantes.