• October 2016
  • Stanislas Haquet
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Dans quelques semaines, le doux rêve des fondateurs américains de La Louve deviendra une réalité bien tangible. Cette coopérative alimentaire et associative ouvrira dans le 18e arrondissement son premier supermarché, un supermarché dont les « membres » assureront, aux côtés de quelques salariés, « la totalité des tâches nécessaires à son bon fonctionnement à hauteur de trois heures consécutives toutes les quatre semaines : caisse, stock, administration, nettoyage » et seront en échange les seuls habilités à y faire leurs courses.

Travail, consommation, loisirs

Pas vraiment clients donc, pas non plus employés ou collaborateurs, un peu des deux en fait, voire un peu plus, puisque chaque membre devra par ailleurs devenir actionnaire en investissant 100 euros, soit 10 parts de la coopérative.

 

Le modèle, qui tend à ne plus établir de séparation distinctive entre clients, employés ou collaborateurs, est séduisant sur le papier. Difficile de ne pas avoir envie, sinon de rejoindre l’association, du moins de suivre dans les prochaines semaines l’évolution du projet, son succès ou ses éventuelles difficultés.

Il nous dit aussi beaucoup de choses sur l’évolution d’une société qui semble s’attaquer peu à peu à toutes les frontières qui régissent (ou peut-être faut-il déjà écrire « régissaient ») nos vies

  • La frontière entre vie professionnelle et vie personnelle a été ainsi l’une des premières à commencer à tomber, sous les coups notamment, mais pas seulement, de l’hyperconnectivité/mobilité permise par la révolution digitale.
  • D’autres cherchent déjà des moyens d’abolir les frontières entre travail et loisirs en proposant par exemple de gamifier toujours davantage l’expérience professionnelle ou, dans un mouvement inverse mais finalement similaire, de « workifier » des activités considérées habituellement comme des loisirs (on citera à cette aune Bitwalking, qui propose à ses utilisateurs de générer de la monnaie virtuelle en marchant avec leur smartphone – bref, qui rémunère la marche comme un travail…).

Dans un tel monde sans frontières, le concept même de ressources humaines, qui désignait jusqu’à maintenant les seuls employés/collaborateurs, risque de devenir rapidement caduc. Certaines entreprises réfléchissent déjà à étendre l’action de leurs RH aux clients et parties prenantes en considérant, à l’image peut-être de La Louve, qu’ils constituent déjà ou constitueront bientôt des ressources potentielles.

S’il n’est pas certain que cela plaise à tous, et notamment aux directions commerciales ou marketing, cela ouvre, me semble-t-il, des perspectives dans de nombreux domaines. Dans celui de la communication, par exemple, si l’on ne peut plus réellement discerner le client du collaborateur ou de l’actionnaire, on risque bientôt de voir apparaître de plus en plus d’objets de communication hybrides (1/3 de communication financière, 1/3 de communication interne et 1/3 de marketing relationnel ?).

À suivre…

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