• March 2022
  • Stanislas Haquet
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Parmi les facteurs qui favorisent un engagement fort des collaborateurs, la reconnaissance au travail (définie comme « un acte constructif d’appréciation de la contribution d’une personne, tant en termes de pratiques de travail que d’investissement personnel. » Brun & Cooper) figure en bonne place dans toutes les études sur le sujet. Et même sur la première marche du podium dans l’étude menée par HBR il y a quelques années auprès d’un échantillon international de dirigeants : 72 % d’entre eux déclaraient alors que la reconnaissance de la performance avait un impact élevé sur l’engagement de leurs collaborateurs.

 

Une autre étude, plus récente celle-là, menée en France par Arte et France Culture auprès de près de 35 000 répondants, confirmait l’intuition des dirigeants. Après l’épanouissement professionnel, la recherche de reconnaissance arrivait en seconde position, avant le salaire, chez les 25-39 ans (13 % vs 11 %)… loin derrière il est vrai l’objectif d’épanouissement professionnel.

Si la reconnaissance est d’abord une question de culture et de posture managériale (savoir dire bravo et merci), elle peut aussi être stimulée à un niveau corporate. C’est dans cet esprit qu’ont été développés dans de nombreuses entreprises des dispositifs d’awards pour décerner un prix aux collaborateurs ayant mené des projets ou des initiatives remarquables ou exemplaires, c’est-à-dire correspondant aux attentes de l’entreprise. Une manière aussi de définir ce que, aux yeux de l’entreprise, signifie être performant au-delà de critères purement quantitatifs ou business : sujets adressés, manière de les aborder et valeurs d’entreprise incarnées.

Les inconvénients inhérents à ces dispositifs, pourtant souvent couronnés de succès, sont néanmoins vite apparus et se sont même accentués ces dernières années dans une économie toujours plus axée sur l’agilité, la vitesse, l’ouverture et surtout l’innovation.

  • Ils sont davantage tournés vers le passé que vers l’avenir – puisqu’ils valorisent des initiatives déjà menées.
  • Ils sont le plus souvent autocentrés et ne donnent que rarement une vision étendue de l’entreprise.
  • Ils peuvent paraître relativement vains, en ce qu’ils n’ont, une fois la remise des prix passée, pas de réel impact sur l’entreprise.

C’est sans doute la raison pour laquelle ce type de dispositifs a peu à peu été supplanté par une autre forme d’opérations contributives, les challenges d’innovation, qui proposent aux collaborateurs de candidater non pas pour valoriser une réalisation passée mais pour imaginer, partager, défendre, valoriser puis, dans un second temps, approfondir et/ou développer une idée novatrice en réponse à une problématique de l’entreprise.

Si l’on voit bien ce que ces challenges d’innovation apportent de plus que les awards – par définition un challenge d’innovation est une invitation à se tourner vers l’avenir et à faire émerger dans l’entreprise de nouvelles solutions impactantes et créatrices de valeur en faisant appel à l’intelligence collective –, ils ont aussi leurs propres défauts et limites, notamment dans une perspective d’engagement des collaborateurs.

  • Ils sont relativement peu inclusifs : tout le monde n’a pas un profil d’innovateur.
  • Ils valorisent, pour reprendre la terminologie de Schwartz, essentiellement des valeurs d’ouverture au changement (audace, autonomie) et d’affirmation de soi (réussite) au détriment de valeurs de dépassement de soi (bienveillance, universalisme) et de conservation (discipline, humilité). L’équilibre entre ces différents types de valeurs s’avère pourtant souvent indispensable en entreprise.

Une fois ce constat posé, existe-t-il une troisième voie, qui permettrait de cumuler en quelque sorte les avantages des awards et des challenges innovation ?

C’est ce qu’a cherché (et en grande partie trouvé) le groupe VINCI avec le Prix de l’Environnement.

Les principes fondateurs ?

  • Le choix d’une thématique à la fois porteuse de sens, constituant une priorité stratégique du Groupe et suffisamment vaste pour que tous les métiers puissent y contribuer.
  • Un appel à partager les meilleures initiatives effectivement mises en œuvre avec succès par les équipes sur le terrain dans les derniers mois en matière d’environnement.
  • Une étude menée par des experts avec comme principal critère d’évaluation l’impact réel de l’initiative.
  • Un dispositif de vote permettant aux salariés de soutenir leurs initiatives favorites, ce qui présente le double avantage de rendre la thématique environnementale visible de tous en interne et surtout de faire œuvre de pédagogie sur le sujet à travers le décodage des initiatives et des critères de leur évaluation.
  • Un ancrage local avec des remises de prix à un niveau régional mais aussi une opération très visible et fédératrice avec, pour les lauréats régionaux, un second tour pour décerner les awards Groupe.

Mais c’est la seconde phase du dispositif qui vient de démarrer à l’issue de cette remise des Prix de l’Environnement au niveau Groupe qui donnera à cette opération tout son sens et en renforcera l’impact, sur l’engagement des collaborateurs mais aussi sur l’entreprise elle-même en lui permettant de faire évoluer ses pratiques et de se projeter vers l’avenir.

Cette phase dite de scale up, ou changement d’échelle, est en effet consacrée au déploiement structuré des initiatives (pour celles primées au niveau Groupe) et/ou à leur réplication au cas par cas (pour celles primées au niveau régional). Un processus qui avait été anticipé dès l’amont et qui sera facilité par les critères d’impact et de réplicabilité mentionnés plus haut pour l’attribution des prix.

Ces Prix de l’Environnement permettent en quelque sorte à VINCI de bénéficier de l’engagement fort généré par un dispositif d’awards, par la valorisation des collaborateurs à l’initiative de projets en lien avec la raison d’être – faire œuvre utile – et le projet opérationnel du Groupe, et de l’impact des challenges d’innovation. Mieux, en communiquant lors de la seconde phase sur des exemples réussis de déploiement des initiatives lauréates, ils permettront de renforcer la valorisation d’une autre catégorie de salariés (appelons-les les « duplicateurs »), de démontrer par la preuve que la transformation est aussi issue du partage des idées testées et éprouvées sur le terrain.

Un dispositif complet qui devrait à n’en pas douter inspirer à l’avenir de nombreuses autres entreprises.

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