• January 2016
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La fin annoncée de la limite des 140 caractères sur Twitter a déclenché une tempête de commentaires principalement à charge, dont François Guillot rappelait ici les principaux enjeux.

Les réserves de François sur les conséquences de cette décision qui dénaturera forcément (et tuera peut-être) Twitter sont fondées, mais il est important de replacer celle-ci dans un contexte plus large qui n’est pas seulement celui des émetteurs (les annonceurs et leurs agences) mais aussi celui de leurs publics.

Twitter fin des 140 caratères

L’annonce de Jack Dorsey ne peut se comprendre qu’à la lumière des difficultés que rencontre Twitter à renouveler ses audiences. Avec une augmentation de seulement 1,5% de ses utilisateurs au 3e trimestre 2015, le service de (feu ?) micro-blogging se trouve dans une position très inconfortable. Coincé entre le leader incontesté Facebook et son milliard et demi de membres (contre 320 millions pour Twitter), et les nouveaux venus (types Medium ou Instagram) dont les abonnés explosent, Twitter est condamné à se transformer radicalement pour s’adapter aux attentes nouvelles des audiences digitales.

Car ce que disent l’émergence de Medium (plate-forme de création et de socialisation de contenus longs et immersifs) ou certaines pratiques de Twittos qui contournent la règle des 140 signes en screenshotant des textes, c’est que les internautes veulent du long. Medium et ses contenus nécessitant 6, 10 ou 15 minutes de temps de lecture signent la fin d’une doxa qui dure depuis 15 ans et qui veut que contenus Internet = contenus courts, simples et synthétiques. Et en creux qui fait du print est le royaume du long, de l’expertise et de l’analyse.

Ce dont est victime Twitter, c’est donc d’une révolution globale des audiences digitales. Je me risque à penser que cette révolution est aussi celle d’une génération qui a grandi avec Internet et dont les attentes en termes de contenus ont mûri. Nous vivons un rééquilibrage capital au détriment des contenus de flux – dont Twitter est à la fois une vitrine et une fabrique – quantitatif, immédiats, éphémères et « légers » et au profit de l’hypercontenu qualitatif, slow, pérenne et impliquant.

D’un point de vue d’agence éditoriale, on ne peut évidemment que s’en réjouir.

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