• January 2016
  • François Guillot
  • Posts
  • Influence digitale

La rumeur enflait, elle a été confirmée par Jack Dorsey, cofondateur et CEO de Twitter : la fin des 140 caractères est proche.

Dans un tweetpic, @Jack explique que l’usage croissant des internautes consistant à capturer du texte en images pour le glisser dans un tweet (et ainsi rallonger les messages) les incite à lever la contrainte des 140 caractères.

Twitter contre la fin des 140 caractères

On n’en saura pas tellement plus pour le moment : ni le combien (on parle de 10 000 caractères, comme dans les messages privés), ni le quand (on parle de la fin du 1er trimestre), ni le côté business du pourquoi (difficultés de Twitter au niveau business model, concurrence de Facebook et, de plus en plus, de Linkedin).

Reste qu’au niveau du petit monde des réseaux sociaux, cette annonce est une bombe. En renonçant à la limite des 140 caractères, Twitter renonce à ce qui a fait son histoire et son identité : la contrainte. Cette contrainte qui en a fait le réseau de l’immédiateté : puisqu’on n’avait pas d’autre choix que de faire bref, on arrêtait de se poser tout un tas de questions qui habituellement ralentissent la publication. On changeait le « mindset ».

 

Pour la communication des entreprises, c’est une drôle de nouvelle. A priori, la possibilité de raconter plus de choses, donc une opportunité… Mais c’est aussi un risque.

Pourquoi ? Parce que cette limite de 140 caractères a beaucoup fait pour la compréhension du web social par les entreprises et pour faire évoluer leur communication.

Twitter, parce qu’il contraignait les entreprises à écrire en 140 caractères, a été un accélérateur du changement : changement de style (une prise de parole moins institutionnelle), changement de posture (une prise de parole plus réactive).

Et parce qu’il est une énorme machine à buzz dans laquelle l’enjeu est de réussir à émerger, il pose de saines questions aux communicants : comment faire pour avoir de l’impact ? Les réponses ont été principalement cherchées du côté du sens de la formule et de l’image (visualisation de l’information) et Twitter est à ce titre un formidable laboratoire des nouvelles formes d’expression.

Le risque ? Que la possibilité d’écrire en 10 000 caractères crée la tentation de refaire du langage corporate sur Twitter. Donne-moi ton tweet que je le valide : ah, mais il manque ça. Et on va dire ça. Et il faut quand même ajouter ça pour faire plaisir à untel. Vous connaissez l’histoire : à la fin, ce n’est plus un tweet, c’est du BSC (bullshit corporate). Le langage de l’immédiateté a disparu, et l’impact de la communication avec lui.

Pourtant, ce qui restera à n’en pas douter dans Twitter, c’est ce sentiment d’urgence et la durée de vie très brève d’un tweet. Car l’utilisation de 140 caractères dans Twitter, c’est en réalité souvent déjà trop pour que son tweet soit réellement lu : le plus court est en fait le mieux, que l’on dispose de 140 caractères, de 600 caractères (limite Linkedin) ou de 10 000 caractères (je parle de tweets avec un lien, bien sûr).

En annonçant la fin prochaine des 140 caractères, Twitter tend sans le vouloir un piège aux communicants : celui de revenir dans la zone de confort dont il les avait sortis.

La levée de la contrainte historique ne doit pas leur faire perdre le sens de la réactivité, de la conversation et de l’impact que Twitter avait si utilement contribué à créer dans les entreprises. C’est un champ de vigilance important pour les mois à venir.

Et maintenant, place à l’expérimentation !

Plus d'idées

January 2016
January 2016